L’impression numérique aujourd’hui

Les années 1990 ont vu émerger les technologies d’impression numérique dans le secteur du tirage photographique professionnel, puis amateur. Les impressions numériques remplacent aujourd’hui progressivement les tirages photographiques traditionnels et leur place dans les collections de photographies contemporaines est de plus en plus importante.

De nombreuses questions se posent sur la stabilité des impressions numériques, le plus souvent lorsqu’on les compare avec les tirages argentiques couleurs traditionnels. Il est vrai que les premières impressions Iris®, qui ont su séduire le milieu de l’art dès le début des années 1990 sous l’appellation de Fine Art Printing, étaient encore très instables. Une simple goutte d’eau faisait couler les colorants et ceux-ci résistaient mal à l’exposition à la lumière.

Depuis, des budgets considérables ont été investis par les industriels dans la recherche de systèmes d’impression associant qualités esthétiques, stabilité, simplicité et rapidité. Il en résulte un véritable progrès. Cependant, le renouvellement quasi annuel des systèmes d’impression, leur complexité, les différences flagrantes de qualité d’un produit à l’autre ainsi que les déclarations parfois équivoques des fabricants sur la stabilité de leurs impressions ne facilitent pas le travail des professionnels de la conservation.

Il semblerait néanmoins que les fabricants se concentrent aujourd’hui essentiellement sur l’amélioration des systèmes existants. D’un point de vue conservatoire, cette première phase de stabilisation de l’univers de l’impression numérique est rassurante. Elle nous permet de nous approprier enfin ces techniques plus sereinement, d’aborder leurs fragilités avec discernement et d’envisager des solutions de conservation. 

 

Transmettre l’information

Aujourd’hui, la finesse du jet d’encre est telle que l’on peut confondre une impression avec des tirages photographiques traditionnels. De plus, s’il est assez aisé de distinguer une électrophotographie d’un tirage effectué par sublimation thermique ou d’une impression jet d’encre, il n’en va pas de même pour identifier avec précision, par exemple, deux tirages jet d’encre Fine Art différents. Est-ce un tirage à base de colorants ou de pigments ? De quelle encre précisément s’agit-il ? De quel papier ? Ces informations techniques permettent cependant d’estimer la stabilité d’une œuvre, d’en connaître les fragilités à la lumière, à l’eau, aux polluants, et de savoir comment la protéger de dégradations généralement irréversibles.

Afin d’améliorer la circulation de ces informations précieuses, on pourrait imaginer une sorte de certificat daté et signé par le laboratoire ou l’artiste. Ce certificat intégrerait les références précises de l’imprimante, de l’encre, du papier et préciserait les traitements additionnels, comme les vernis. C’est dans cet esprit que les services de conservation et de restauration spécialisés en photographie proposent des questionnaires techniques destinés à être complétés lors de l’acquisition de photographies contemporaines (questionnaire français/anglais).

Imprimante Iris® à la Gallery 16 Urban Digital Color, San Francisco

Sortie d’un tirage jet d’encre pigmentaire grand format au Studio Bordas

Une artiste réalisant ses propres tirages sur une imprimante moyen format

Electrophotographie et jet d’encre vus à la loupe 30 x

Bourse de recherche attribuée à Françoise Ploye par le Centre national des arts plastiques (Cnap)

Titre : Connaître et conserver les impressions numériques

Partenaires : Fonds municipal d’art contemporain de la Ville de Paris (Fmac), Atelier de restauration et de conservation des photographies de la Ville de Paris (ARCP)

Objectif :

L’industrie oriente ses recherches vers une amélioration de la stabilité et des qualités esthétiques des impressions numériques, en tenant compte bien entendu des paramètres de compétitivité, de productivité, etc. Une fois ces images devenues objets patrimoniaux, notre rôle de professionnels de la conservation n’est cependant plus de porter un jugement positif ou négatif sur leur niveau de stabilité, mais bien d’apprendre à les connaître pour savoir mieux les protéger. C’est le principal enjeu de la recherche dans ce domaine aujourd’hui : apporter les connaissances nécessaires aux institutions et aux restaurateurs pour dissiper une confusion encore trop largement répandue.

L’objectif de cette recherche est de progresser dans la classification de ces objets. Une classification qui permettra une approche typologique, de la même manière que pour la photographie traditionnelle. Il nous faut savoir identifier ces nouvelles images et en cerner les fragilités spécifiques afin d’envisager des solutions de conservation et de restauration adaptées.

Ce travail se concentre sur les principales familles d’impressions représentées sur le marché : le jet d’encre, l’électrophotographie et la sublimation thermique. Une place prépondérante est accordée au jet d’encre, que l’on retrouve plus largement dans les collections (notamment le jet d’encre pigmentaire Fine Art et le jet d’encre à solvants).

Le choix précis des techniques (les sous-éléments d’une même famille) sera guidé par l’existant dans les collections, notamment celles du Fmac et du Fnac, ainsi que par la production professionnelle actuelle ; ceci afin de répondre au mieux aux besoins présents et futurs des collections.

Déchirures sur des tirages jet d’encre vues à la loupe 30 x

Cours sur les impressions numériques à l’INP depuis 2007

Mise en place avec Anne Cartier-Bresson d’un enseignement sur la conservation des impressions numériques à l’Institut national du patrimoine (INP).

Dans le cadre de la formation initiale des restaurateurs : cours sur la technologie, l’identification et les possibilités de conservation-restauration des impressions numériques. Ces cours incluent des tests sur échantillons visant à évaluer leur sensibilité à des facteurs de dégradation et à des traitements de restauration (compte rendu des travaux effectués avec les étudiants). Ils sont assurés par Françoise Ploye, Franck Bordas, directeur du Studio Bordas, et Clotilde Boust, diplômée de l’École nationale supérieure Louis-Lumière (ENSLL), chercheur au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF) dans le domaine de la perception des couleurs et de la colorimétrie. 

Dans le cadre de la formation continue des responsables de collection : cours sur la conservation des matériaux photographiques contemporains lors des séminaires dédiés à l’intégration de la conservation préventive dans l’exposition temporaire de photographies.http://www.inp.frhttp://www.inp.frimpressions_numeriques_files/CR_sem_impnum_inp_2007%262008.pdf.zipimpressions_numeriques_files/CR_sem_impnum_inp_2007%262008.pdf.ziphttp://franckbordas.online.frhttp://www.ens-louis-lumiere.frhttp://www.c2rmf.frhttp://livepage.apple.com/shapeimage_19_link_0shapeimage_19_link_1shapeimage_19_link_2shapeimage_19_link_3shapeimage_19_link_4shapeimage_19_link_5shapeimage_19_link_6

Test de réactivité d’un tirage jet d’encre à l’abrasion

Test de réactivité d’un tirage jet d’encre à différents solvants

© F. Ploye / INP

Travaux de conservation-restauration


Étude et suivi de conservation de la collection de photographies du Fonds municipal d’art contemporain (Fmac) :

- identification individuelle des oeuvres, notamment les impressions numériques ;

- évaluation de leur fragilité ;

- évaluation des conditions des lieux d’accrochage et propositions de mesures conservatoires.



Participation à un séminaire international sur la conservation-restauration des impressions numériques au Musée d’art moderne de San Francisco (SFMoma), septembre 2006, sur invitation de la Andrew W. Mellon Fondation.



Constitution d’une collection didactique de procédés d’impressions numériques, depuis 2006.

Fmac. Suivi de conservation

© ARCP/Fmac

Séminaire de San Francisco. Identification des impressions numériques avec Martin Jürgens

Publications et conférences


“Connaître et conserver les impressions numériques dans les collections patrimoniales” - 2011 - Rapport de recherche soutenue par le Centre national des arts plastiques. (télécharger pdf)


“Séminaires sur l’identification et la conservation des impressions numériques à l’Institut national du patrimoine (INP) – Compte rendu des travaux effectués en 2007 et 2008”, cosignée avec Aurélie Perreux, Fabien Cannarella et Antonin Riou, Paris, publication électronique, août 2009. (télécharger pdf)


“Le suivi spécifique de conservation : une solution pour la collection de photographies du Fonds municipal d’art contemporain de la Ville de Paris”, cosigné avec Maud Blanc et Kristen Hély, dans Actes des 13es journées d’étude de la SFIIC : Art d’aujourd’hui – Patrimoine de demain – Conservation et restauration des oeuvres contemporaines, Paris, 24-26 juin 2009. (télécharger pdf)


“Les impressions numériques”, cosigné avec Jean-Paul Gandolfo, dans Cartier-Bresson, Anne (sous la direction de), Vocabulaire technique de la photographie, Paris, Marval, 2008.


“Fragilités et conservation des impressions numériques”, dans Cartier-Bresson, Anne (sous la direction de), Vocabulaire technique de la photographie, Paris, Marval, 2008. (télécharger pdf)


Conférence “Les impressions numériques, technologie et conservation” en collaboration avec Jean-Paul Gandolfo, sur invitation du Centre de recherche et de restauration des Musées de France (C2RMF), mai 2007.


Conférence “Les procédés numériques : fragilités et conservation”, journée consacrée à la conservation de la photographie contemporaine à la Maison européenne de la photographie (MEP), Paris, 12 décembre 2006.

Abrasion sur un tirage jet d’encre vue à la loupe 30 x

© F. Ploye / INP
© F. Ploye / INP

Traceur grand format à la Gallery 16 Urban Digital Color, San Francisco

© F. Ploye 2012